12/6 Débat: La vie professionnelle au féminin : Regards croisés République tchèque – France
Datum přidání: Jun 04, 2014 4:38:10 PM
Le 12 juin à l’Ambassade de la République tchèque en France, l’association Etudiants et jeunes professionnels en France a organisé un débat sur les femmes et l’égalité professionnelle, en comparant les situations française et tchèque.
Le panel des invités était exclusivement féminin pour cette occasion – nous avons accueilli Lenka Horňáková Civade, écrivain et peintre tchèque vivant en France, auteur de Prioritaire, Prague–Paris ; Estelle Rivals, Global HR Project Director chez Pernod-Ricard, chargée du développement de la diversité au sein du Groupe et Olga Trostiansky, femme politique et militante associative française, présidente de la Coordination française pour le lobby européen des femmes, adjointe au maire du 10ème arrondissement chargée des finances et de l’égalité femmes-hommes.
Devant un public d’une vingtaine de personnes ont été évoquées les principales difficultés que connaissent les femmes dans leur vie professionnelle : les écarts de salaire, une progression de carrière plus lente que les hommes, les filières restant toujours à dominante masculine et peu accessibles aux femmes, les difficultés à revenir après un congé de maternité, l’absence des femmes aux postes décisionnels. Nos intervenantes ont souligné que si beaucoup de ces inégalités avaient leur source dans un certain conservatisme de la société et notamment dans la vision « traditionnelle » de la femme (s’occupant du foyer et des enfants), dans certains cas, le pire ennemi de la femme était la femme elle-même. Cet état d’esprit semble être très présent chez les femmes tchèques, qui n’ont pas vécu la même prise de conscience sur leur statut et leur rôle dans la société que les femmes françaises. Les femmes tchèques apparaissent comme très indépendantes, très cultivées, mais cherchant malgré tout principalement un « bon » mariage, comme si elles avaient besoin d’un élément masculin pour être complètes.
Nos intervenantes ont également rappelé que le combat pour l’égalité des femmes n’était pas forcément féministe ou empreint de misandrie, mais qu’il visait plutôt à trouver une solution à un problème de représentativité réel : alors que les femmes comptent pour 50% des citoyens, elles sont peu représentées aux postes décisionnels. Le risque est alors que les sujets concernant les femmes ne soient pas traités dans ces assemblées exclusivement masculines.
Par ailleurs, il s’agit d’une question d’indépendance : les femmes devraient avoir les mêmes droits à choisir leurs parcours professionnels, et être confrontées aux mêmes contraintes (notamment celle de subvenir financièrement à ses besoins) que les hommes. Il s’agit donc à la fois de simplifier aux femmes l’accès à la carrière qu’elles ont choisie, et de permettre aux hommes qui le souhaitent de se consacrer davantage à leurs enfants. La possibilité de choisir est essentielle.
Les pistes de solution évoquées par les intervenantes sont multiples. Les quotas forcent la main aux entreprises, et n’obtiennent pas l’adhésion de tout le monde, mais semblent avoir des résultats. D’autres leviers politiques doivent être utilisés, comme la règle de la parité dans les conseils municipaux, sur les listes électorales, etc. Ces leviers sont encore très peu utilisés en République tchèque.
Il s’agit également de travailler sur les stéréotypes des deux côtés. Un travail de sensibilisation des hommes et des femmes est essentiel, et doit commencer dès le plus jeune âge, afin de promouvoir d’autres visions de la femme ainsi que d’autres modèles masculins. Ce travail doit également continuer dans les entreprises sous forme de mentoring (des femmes et des hommes). Certaines femmes peuvent également gagner à se faire coacher – dans certains cas, un coaching ciblé leur permet de mieux saisir leur potentiel et de mieux plaider leur cause.
Il faut néanmoins faire attention à ne pas stigmatiser la femme : au-delà de sa qualité de femme, elle reste avant tout un être humain. Le monde artistique est une bonne illustration de ce point – il n’y a pas d’art féminin ou masculin, il y a tout simplement de l’art.